CENPA-315~04 |
Save page Remove page | Previous | 4 of 9 | Next |
|
small (250x250 max)
medium (500x500 max)
Large (1000x1000 max)
Extra Large
large ( > 500x500)
Full Resolution
All (PDF)
|
This page
All
|
Loading content ...
3° PRESENCE AFRICAINE sio Luyanzi, l'un des leaders, est torturé, tandis que d'autres patriotes tels que Lello Figueria, Liborio, Nefwane, sont internés dans le camp de concentration de Silva Porto (une ville île l'Angola, note de l'auteur). « En raison du véritable rideau de fer qui sépare l'Angola des autres parties du monde, il a été difficile tic parvenir à mener, sur le plan international, une campagne systématique qui dénonçât la tragédie de l'Angola. Cependant, une mission du Ghana en Angola a touché le cu-ur des Angolais qui ont interprété ce fait comme un geste de solidarité active. Cette visite de nos frères du Ghana a provoqué de la part des autorités portugaises des perquisitions en masse, à la suite desquelles furent arrêtés des hommes, des femmes, des enfants. « Aujourd'hui encore, la population ignore toujours ce que sont devenus les leaders patriotes Julio Al'onso Issaias Kamatuke, Cunha, Alfredo Renga, Loureiro Joâo Scqucrra, ainsi que leurs familles9. » Dès lors, il semble qu'il ne soit plus possible de mettre en doute l'existence de mouvements d'émancipation dans les colonies portugaises. Quoique clandestins, ils n'en mènent pas moins une action incessante en vue de la libération du pays. Comment expliquer alors ces professions de foi : « unité et intégrité de la nation, paix sociale, égalité entre Angolais, Goanais et Portugais, etc. », trop souvent répétées pour m point masquer une lamentable réalité? Seule une étude approfondie de la tradition coloniale portugaise, des structures politiques, sociales et économiques du Portugal, de l'idéologie des dirigeants portugais actuels et des rapports économiques et politiques entre le Portugal et ses colonies pourraient en rendre compte. Cela dépasserait évidemment le cadre de cette chronique. Nous nous bornerons à rappeler que le Portugal reste lui-même un pays sous-développé. La dictature fasciste appuyée sur la tristement célèbre P.I.D.E. (la Police politique) et sur l'armée y règne depuis plus de trente ans. C'est en s'appuyant sur une telle structure que le gouvernement mène une politique coloniale surannée, dépassée, qui se nourrit encore de la « grandeur » de l'époque des découvertes. Les quelques concessions faites par les gouvernants portugais ne sont que des trompc-Pu'il pour l'opinion mondiale, y compris le changement de dénomination de « colonies » en « provinces » d'outre-mer en 1951. Le professeur Adriano Moreira, directeur de l'Institut supérieur d'études d'outre-mer, dans son ouvrage Politica Ultramarhui, q. Intervention du délé^u^ de l'U.P.A. au Cbflgrèf des Peuples à Accra, décembre i%H. PORTUGAL ET COLONIES D'ANGOLA ET GUINEE 51 p. 284, commentant ce changement d'étiquette, écrit : « Le problème international n'était pas absent de nos préoccupations lorsqu'à été discutée la révocation de l'Acte colonial et l'intégration de ses dispositions dans le texte constitutionnel lui-même. Jusqu'alors, celui-ci se limitait à déclarer la nature constitutionnelle des dispositions de l'Acte colonial10. » A l'appui de ses désirs, M. Adriano Moreira cite entre autres l'intervention du député Miguel Rastos au cours du débat a l'Assemblée nationale portugaise : « Nous n'avons pas de colonies, nous formons avec l'outre-mer une seule nation. Telle est la réalité, et ayant, comme nous devons l'avoir, la préoccupation de faire une politique réaliste basée sur ces faits, et sur les constantes de l'histoire, au nom de quels principes devrions-nous rester attachés à une désignation devenue à présent équivoque et dangereuse? » (souligné par nous. C. M.)11. Ce besoin de masquer la vérité, de cacher la situation réelle afin de tromper l'observateur non averti caractérise bien « la politique de façade » des dirigeants portugais dont nous parlions tout à l'heure. En outre, les propos du député Miguel Rastos ne font qu'appuyer ce que nous avons déjà dit plus haut : les « provinces d'outre-mer » demeurent des « colonies », car il est évident qu'un changement de « terminologie » ne suffit pas à modifier le contenu d'une situation. Il importe, par ailleurs, de relever un autre aspect qui se dégage de cette mesure, symptomatique. Elle prouve en effet que, malgré toutes les déclarations officielles optimistes, l'évolution de la conscience politique des peuples des colonies portugaises, tout comme les changements survenus dans le monde depuis la dernière guerre, préoccupe sérieusement le gouvernement portugais. Mieux encore, le gouvernement suit attentivement aussi bien ce qui se passe dans le monde que ce qui se passe à l'intérieur de ses colonies. 11 craint que l'évolution de cette situation ne sape les fondements mêmes de sa politique. C'est pourquoi, tout en multipliant les discours fallacieux à l'adresse de l'opinion mondiale, il prend par ailleurs des mesures tendant à sauvegarder « à tout prix » ses colonies. Dans ces conditions, on comprendra la portée politique de la décision prise par le gouvernement portugais de promouvoir l'implantation accélérée en Afrique de colonies portugaises, « gages de pérennité » et « garantie efficace contre la subversion M ». 10. Editions du département des Recherche* de l'Outre-Mer, ;'i Lisbonne. 11. Journal de* séances de l'Assemblée nationale portugaise, du 0 avril 1951, cité" par M. Adriano Moreira dans son ouvrage, déjà mentionné. 12. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que les nouvelles sources de H* ) •
Object Description
Description
Title | CENPA-315~04 |
Filename | CENPA-315~04.tiff |
Full text | 3° PRESENCE AFRICAINE sio Luyanzi, l'un des leaders, est torturé, tandis que d'autres patriotes tels que Lello Figueria, Liborio, Nefwane, sont internés dans le camp de concentration de Silva Porto (une ville île l'Angola, note de l'auteur). « En raison du véritable rideau de fer qui sépare l'Angola des autres parties du monde, il a été difficile tic parvenir à mener, sur le plan international, une campagne systématique qui dénonçât la tragédie de l'Angola. Cependant, une mission du Ghana en Angola a touché le cu-ur des Angolais qui ont interprété ce fait comme un geste de solidarité active. Cette visite de nos frères du Ghana a provoqué de la part des autorités portugaises des perquisitions en masse, à la suite desquelles furent arrêtés des hommes, des femmes, des enfants. « Aujourd'hui encore, la population ignore toujours ce que sont devenus les leaders patriotes Julio Al'onso Issaias Kamatuke, Cunha, Alfredo Renga, Loureiro Joâo Scqucrra, ainsi que leurs familles9. » Dès lors, il semble qu'il ne soit plus possible de mettre en doute l'existence de mouvements d'émancipation dans les colonies portugaises. Quoique clandestins, ils n'en mènent pas moins une action incessante en vue de la libération du pays. Comment expliquer alors ces professions de foi : « unité et intégrité de la nation, paix sociale, égalité entre Angolais, Goanais et Portugais, etc. », trop souvent répétées pour m point masquer une lamentable réalité? Seule une étude approfondie de la tradition coloniale portugaise, des structures politiques, sociales et économiques du Portugal, de l'idéologie des dirigeants portugais actuels et des rapports économiques et politiques entre le Portugal et ses colonies pourraient en rendre compte. Cela dépasserait évidemment le cadre de cette chronique. Nous nous bornerons à rappeler que le Portugal reste lui-même un pays sous-développé. La dictature fasciste appuyée sur la tristement célèbre P.I.D.E. (la Police politique) et sur l'armée y règne depuis plus de trente ans. C'est en s'appuyant sur une telle structure que le gouvernement mène une politique coloniale surannée, dépassée, qui se nourrit encore de la « grandeur » de l'époque des découvertes. Les quelques concessions faites par les gouvernants portugais ne sont que des trompc-Pu'il pour l'opinion mondiale, y compris le changement de dénomination de « colonies » en « provinces » d'outre-mer en 1951. Le professeur Adriano Moreira, directeur de l'Institut supérieur d'études d'outre-mer, dans son ouvrage Politica Ultramarhui, q. Intervention du délé^u^ de l'U.P.A. au Cbflgrèf des Peuples à Accra, décembre i%H. PORTUGAL ET COLONIES D'ANGOLA ET GUINEE 51 p. 284, commentant ce changement d'étiquette, écrit : « Le problème international n'était pas absent de nos préoccupations lorsqu'à été discutée la révocation de l'Acte colonial et l'intégration de ses dispositions dans le texte constitutionnel lui-même. Jusqu'alors, celui-ci se limitait à déclarer la nature constitutionnelle des dispositions de l'Acte colonial10. » A l'appui de ses désirs, M. Adriano Moreira cite entre autres l'intervention du député Miguel Rastos au cours du débat a l'Assemblée nationale portugaise : « Nous n'avons pas de colonies, nous formons avec l'outre-mer une seule nation. Telle est la réalité, et ayant, comme nous devons l'avoir, la préoccupation de faire une politique réaliste basée sur ces faits, et sur les constantes de l'histoire, au nom de quels principes devrions-nous rester attachés à une désignation devenue à présent équivoque et dangereuse? » (souligné par nous. C. M.)11. Ce besoin de masquer la vérité, de cacher la situation réelle afin de tromper l'observateur non averti caractérise bien « la politique de façade » des dirigeants portugais dont nous parlions tout à l'heure. En outre, les propos du député Miguel Rastos ne font qu'appuyer ce que nous avons déjà dit plus haut : les « provinces d'outre-mer » demeurent des « colonies », car il est évident qu'un changement de « terminologie » ne suffit pas à modifier le contenu d'une situation. Il importe, par ailleurs, de relever un autre aspect qui se dégage de cette mesure, symptomatique. Elle prouve en effet que, malgré toutes les déclarations officielles optimistes, l'évolution de la conscience politique des peuples des colonies portugaises, tout comme les changements survenus dans le monde depuis la dernière guerre, préoccupe sérieusement le gouvernement portugais. Mieux encore, le gouvernement suit attentivement aussi bien ce qui se passe dans le monde que ce qui se passe à l'intérieur de ses colonies. 11 craint que l'évolution de cette situation ne sape les fondements mêmes de sa politique. C'est pourquoi, tout en multipliant les discours fallacieux à l'adresse de l'opinion mondiale, il prend par ailleurs des mesures tendant à sauvegarder « à tout prix » ses colonies. Dans ces conditions, on comprendra la portée politique de la décision prise par le gouvernement portugais de promouvoir l'implantation accélérée en Afrique de colonies portugaises, « gages de pérennité » et « garantie efficace contre la subversion M ». 10. Editions du département des Recherche* de l'Outre-Mer, ;'i Lisbonne. 11. Journal de* séances de l'Assemblée nationale portugaise, du 0 avril 1951, cité" par M. Adriano Moreira dans son ouvrage, déjà mentionné. 12. Il n'est peut-être pas inutile de rappeler ici que les nouvelles sources de H* ) • |
Archival file | Volume29/CENPA-315~04.tiff |