CENPA-314~10 |
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220 PRÉSENCE AFRICAINE de droit commun. Il leur a certainement été aisé d'apprendre que j'étais le Responsable parmi les autres prisonniers quant au fonctionnement de l'école, et aux réclamations relatives aux droits des détenus politiques. En même temps, le fait que quelques jours après leur arrivée dans cette prison, tous les prisonniers politiques donnent une procuration à un avocat doit les préoccuper beaucoup. Je ne pouvais agir autrement. Laisser mes compagnons dans les mains de défenseurs d'office, militaires de carrière, eût été un crime, alors qu'il m'était possible de leur trouver un avocat désintéressé, prêt à les défendre gratis. Je communiquai à mes compagnons que mon transfert aurait lieu à 19 heures. La nouvelle se propagea parmi les prisonniers. Je suis obligé d'interrompre fréquemment la rédaction de ce journal, car tous viennent me dire au revoir, avec des mots qui m'émeuvent. Virgilio fie Lemos : Journaliste et poète originaire du Mozambique. Abioseh Nicol Comme la nuit le jour Kojo et Bandele traversaient lentement la chaude pelouse verte, leurs mains moites serrées sur leurs manuels de sciences. Ils pouvaient entendre au loin les petites classes qui se rassemblaient pour un répétition de chant dans la grande salle du bâtiment principal de l'école. Plus près, mais encore assez loin, leurs camarades déambulaient vers eux. Tous deux atteignirent la salle de sciences et y entrèrent. C'était un bâtiment bas consruit à l'écart du reste du lycée, qui s'étendait paresseusement à flanc de coteau dans la savane africaine. Le laboratoire était une salle d'une certaine longueur à une extrémité de laquelle ils virent Basu, un autre élève, qui regardait par la fenêtre, le dos tourné. M. Abu, le féroce garçon de laboratoire, n'était pas dans les parages. Les rangées de bouteilles multicolores étaient tentantes. Un bec bunsen sifflait bruyamment dans la lourde chaleur fatiguée- Là où s'arrêtait le bout du triangle bleuté de la flamme, commençait le miroitement d'une transparence mouvante. On pouvait voir l'air chaud s'agiter sans relâche en une minuscule tornade. Les deux jeunes Africains contemplaient cela avec intérêt retenant leurs mains impatientes. — Ils prétendent que c'est plus chaud à l'intérieur de la flamme qu'à sa surface, dit Kojo d'un ton dubitatif. Je me demande comment ils le savent. — Tu veux dire l'inverse, je pense ; essayons voir nous-mêmes, répondit Bandele. — Comment ? — Prenons la température interne. — D'accord, voilà le thermomètre. A toi de jouer. — Il marque trente-deux degrés. Je vais d'abord prendre la température de la flamme extérieure, ensuite tu prendras celle de la flamme jaune interne. Bandele approcha doucement le thermomètre de la flamme et Kojo tendit le cou pour voir. Le mince filet de mercure bondit jusqu'à l'extrémité obturée de l'instrument avec une hâte malveillante, et il y eut un léger craquement. Le bout du thermomètre s'était brisé. Sur la
Object Description
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Title | CENPA-314~10 |
Filename | CENPA-314~10.tiff |
Full text | 220 PRÉSENCE AFRICAINE de droit commun. Il leur a certainement été aisé d'apprendre que j'étais le Responsable parmi les autres prisonniers quant au fonctionnement de l'école, et aux réclamations relatives aux droits des détenus politiques. En même temps, le fait que quelques jours après leur arrivée dans cette prison, tous les prisonniers politiques donnent une procuration à un avocat doit les préoccuper beaucoup. Je ne pouvais agir autrement. Laisser mes compagnons dans les mains de défenseurs d'office, militaires de carrière, eût été un crime, alors qu'il m'était possible de leur trouver un avocat désintéressé, prêt à les défendre gratis. Je communiquai à mes compagnons que mon transfert aurait lieu à 19 heures. La nouvelle se propagea parmi les prisonniers. Je suis obligé d'interrompre fréquemment la rédaction de ce journal, car tous viennent me dire au revoir, avec des mots qui m'émeuvent. Virgilio fie Lemos : Journaliste et poète originaire du Mozambique. Abioseh Nicol Comme la nuit le jour Kojo et Bandele traversaient lentement la chaude pelouse verte, leurs mains moites serrées sur leurs manuels de sciences. Ils pouvaient entendre au loin les petites classes qui se rassemblaient pour un répétition de chant dans la grande salle du bâtiment principal de l'école. Plus près, mais encore assez loin, leurs camarades déambulaient vers eux. Tous deux atteignirent la salle de sciences et y entrèrent. C'était un bâtiment bas consruit à l'écart du reste du lycée, qui s'étendait paresseusement à flanc de coteau dans la savane africaine. Le laboratoire était une salle d'une certaine longueur à une extrémité de laquelle ils virent Basu, un autre élève, qui regardait par la fenêtre, le dos tourné. M. Abu, le féroce garçon de laboratoire, n'était pas dans les parages. Les rangées de bouteilles multicolores étaient tentantes. Un bec bunsen sifflait bruyamment dans la lourde chaleur fatiguée- Là où s'arrêtait le bout du triangle bleuté de la flamme, commençait le miroitement d'une transparence mouvante. On pouvait voir l'air chaud s'agiter sans relâche en une minuscule tornade. Les deux jeunes Africains contemplaient cela avec intérêt retenant leurs mains impatientes. — Ils prétendent que c'est plus chaud à l'intérieur de la flamme qu'à sa surface, dit Kojo d'un ton dubitatif. Je me demande comment ils le savent. — Tu veux dire l'inverse, je pense ; essayons voir nous-mêmes, répondit Bandele. — Comment ? — Prenons la température interne. — D'accord, voilà le thermomètre. A toi de jouer. — Il marque trente-deux degrés. Je vais d'abord prendre la température de la flamme extérieure, ensuite tu prendras celle de la flamme jaune interne. Bandele approcha doucement le thermomètre de la flamme et Kojo tendit le cou pour voir. Le mince filet de mercure bondit jusqu'à l'extrémité obturée de l'instrument avec une hâte malveillante, et il y eut un léger craquement. Le bout du thermomètre s'était brisé. Sur la |
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